Pour voir d'avantage du Musée virtuel du CanadaDes camps aux communautés: La vie forestière dans la Cowichan

Le travail : LES SYNDICATS

Photo d'un groupe de Dames de IODE devant l'église Saint-Christopher de Mesachie Lake en Colombie-Britannique.

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La devise de l'International Woodworkers of America (IWA) Bon salaire, bon travail, bon syndicat est encore aussi vraie aujourd'hui qu'elle l'était au début du vingtième siècle. Les syndicats ont joué un rôle déterminant dans la bataille pour obtenir des conditions de travail sécuritaire et des salaires justes pour les travailleurs forestiers de la Cowichan et ils continuent de se battre au nom des hommes et des femmes qui travaillent aujourd'hui dans l'industrie forestière.

Pour les travailleurs forestiers, la sécurité dans les forêts faisait souvent la différence entre la vie et la mort. Ils travaillaient plusieurs heures et l'hôpital le plus près, habituellement à Duncan, était loin des camps. Avant les lois gouvernementales et le soutien des syndicats, les chantiers étaient des endroits dangereux pour les hommes qui souvent n'avaient même pas une trousse de premiers soins. Un bûcheron se souvient d'un contremaître qui a fini son lunch avant d'organiser le transport d'un travailleur blessé. Un autre se souvient d'un travailleur blessé qui a été placé sur un wagon plat et transporté comme un billot jusqu'à l'hôpital.

Les blessures étaient courantes et le chantier au complet arrêtait lorsque l'on entendait la sirène sonnée six fois pour indiquer une blessure. Les travailleurs enlevaient leurs chapeaux lorsque la sirène sonnait sept fois, ce qui signifiait que les hommes du chantier devaient enterrer un des leurs. Une branche qui tombait pouvait facilement tuer sans distinction un nouveau travailleur ou un vétéran.

Les conditions de travail des premiers camps étaient souvent horribles. Des hommes, parfois jusqu'à quarante, étaient entassés dans des dortoirs sans lumière, mal chauffés et sans endroit pour faire sécher leurs vêtements mouillés. Des femmes de bûcherons se souviennent de leurs maris revenant des camps couverts de la tête aux pieds de piqûres de punaises de lit.

De plus, les salaires étaient extrêmement bas et après avoir payé la pension, pris quelques verres avec les amis et payé pour l'entretien des vêtements de travail, il ne restait pas grand-chose après le jour de paie. En 1933, dans le camp 6, le salaire d'un bûcheron se situait à environ 2,50 $ par jour et les frais de pension étaient de 1 $ à 1,50 $ par jour. Un voyage aller-retour pour aller voir la famille coûtait 6 $.

De mauvaises conditions de travail, des salaires bas et un taux d'accident alarmant ont ouvert la voie aux syndicats dans l'industrie forestière. En 1918, une petite grève de courte durée commencée dans l'entreprise Genco Bay Lumber dans la Cowichan a touché l'industrie forestière de la côte. Pour se venger de ces premiers conflits syndicaux, les propriétaires de chantiers ont créé la BC Loggers Association en 1919. Au cours de la même année, ils ont créé la Loggers Employment Agency à Vancouver. Les propriétaires de chantiers exigeaient des travailleurs qu'ils s'inscrivent auprès de cette agence, qui par la suite affectait les hommes dans des chantiers partout dans la province. L'agence gardait une liste noire des bûcherons qui étaient soupçonnés d'être actifs dans les syndicats. En 1992, il y avait plus de 1 500 noms sur cette liste. Les bûcherons sur la liste noire ne pouvaient travailler dans les chantiers bien que certains ont tout de même réussi à le faire en changeant leur nom.

Affiche en réponse à la grève de 1934

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En 1934, le premier conflit syndical d'importance dans l'industrie forestière a été une grève générale. En 1936, une deuxième grève d'envergure a pris naissance au camp 10 de l'entreprise V.L. & M et s'est rapidement étendue à la vallée de la Cowichan. Les deux grèves ont pris fin rapidement après l'obtention de légères augmentations de salaire, mais elles n'ont pas eu la reconnaissance de la part du syndicat que les organisateurs avaient espérée.

Se rendant compte qu'ils devaient trouver des logements pour les travailleurs célibataires qui avaient été expulsés des camps forestiers, les organisateurs de la grève ont établi un camp de grève. Ils ont acheté des dortoirs d'une scierie abandonnée, les ont démontés et puis les ont assemblés sur un terrain appartenant à un des organisateurs de la grève. Le camp est devenu le siège social du syndicat et il a plus tard été converti en une salle ou l'on organisait des danses et des fêtes.

Pendant les grèves, la communauté a fortement soutenu les travailleurs forestiers. Le magasin Gordon de Lake Cowichan vendait aux travailleurs en grève et à leurs familles des aliments et des provisions à crédit. Les femmes des bûcherons ont fondé les Dames auxiliaires pour soutenir les grévistes. Les Dames auxiliaires ont amassé de l'argent pour nourrir et vêtir les hommes en grève en organisant des événements sociaux.

En 1937, la région de la Cowichan s'est jointe au nouvel organisme IWA et le soutien envers le syndicat a rapidement augmenté durant les années de la guerre. En 1946, une grève générale en Colombie-Britannique mobilisant 137 000 travailleurs a paralysé l'industrie. La grève a duré trente-sept jours et a solidifié la position des syndicats dans l'industrie.

De nos jours, le local 1-80 de l'IWS, le syndicat qui protège les travailleurs forestiers de Duncan et de la région de la Cowichan, joue encore un rôle important dans la communauté. Le syndicat, qui est récemment devenu une division des United Steel Workers of America, organise également de sports de bûcherons durant les journées sportives annuelles en plus de continuer de protéger les droits des travailleurs forestiers. Il donne aussi des bourses d'études aux enfants des membres et organise des pique-niques au cours de l'été pour rassembler ses membres.